mardi 1 février 2011

POURQUOI EST-IL SI DIFFICILE DE FAIRE ENTENDRE LA VOIX DE LA LYRIQUE MÉDIÉVALE?

Je viens de lire le compte-rendu de Antoni Rossell à propos de l'édition d'un colloque guidée par Maria Lanutti et Massimiliano Locanto, Tracce di una tradizione sommersa: I primi testi lirici italiani tra poesia e musica, Edizione del Galluzo, Fondazione Ezio Franceschini, Firenze, 2005.

Et le résultat est satisfaisant. Le compte-rendu s'exerce au niveau de la description mais sans fuir, au contraire, l'interprétation et la critique des différents travaux contenus dans le livre.

Si la première finalité du colloque de Cremona était étudier deux manuscrits italiens du moyen-âge, la Carta Ravennate et le Frammento Piacentino, ce qui attire notre attention en fonction du compte-rendu de Rossell, c'est voir comment les philologues, dès qu'ils s'attachent à la musique, tombent dans le piège de la généralisation fautive et dans celui du dogme scriptocentriste, qui déplace ou même nie l'importance de la dimension musicale (et orale) des textes lyriques.

L'existence du manuscrit ne peut pas s'imposer sur la transmission orale et musicale. Et je suis avec Rossell losqu'il dit que l'absence de preuves écrites ne signifie pas inexistence du fait oral.

Gruber le disait en 1983, les troubadours avaient en vue, le mot, le so (aussi bien mélodie que structure métrique) et la razo pour créer leurs compositions. Si nous, interprètes et lecteurs du XXIe siècle, nous ignorons cette relation, l'interprétation qui en résulte de notre activité fait défaut.

Rossell s'inscrit de façon volontaire sur le champ des oralistes. Et aussi bien les concepts d'analyse que le regard définissent parfaitement pourquoi la "variabilité" n'est pas synonyme d'"irrégularité", comme le veulent les philologues dogmatiques.

Au lieu de repousser l'importance de la musique, il s'agit, comme le déclare Rossell dans ce compte rendu, de voir, lorsque les philologues parlent de texte et de musique, ce qu'on entend par ces deux termes.

Un autre aspect important mis en relief par Rossell: si on veut réaliser une analyse panromane de la lyrique médiévale, il ne faut pas oublier le corpus de la lyrique galégo-portugaise. Et pourtant, dans ce colloque cette lyrique est la grande absente. Les conclusions ne peuvent être panromanes si on méprise ce corpus.

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